Orrorin tungenensis
|
|
Présenté
comme étant le fossile du siècle, la découverte d'Orrorin en janvier 2001 au
Kenya, dans la région du Tungen, bouleversa les phylogénies des hominidés. Orrorin, "homme des origines en langue Tungen, présente en effet une mâchoire très primitive comme celle des singes mais des os de l'appareil locomoteur indiquant clairement une bipédie. Son humérus indique également une aptitude à la suspension. Mais c'est son âge qui fit l'effet d'une bombe dans le milieu scientifique : 6 millions d'années ! Ce qui repoussait de 2 millions d'années l'apparition de la bipédie jusque là confirmée par les Australopithecus afarensis ou encore celle supposée des Ramapithèques. Autre comparaison intéressante : il est plus vieux que Lucy de 2 millions d'années, mais aussi plus "humain" : meilleure bipédie et molaires moins grandes. A la poubelle l'idée que les Australopithecus afarensis étaient directement les ancêtres du genre Homo (un quart de siècle d'hypothèses qui s'effondrent) ! Ce fossile tant espéré laisse donc un grand vide et de nouvelles questions dans l'élaboration de nouvelles phylogénies. Quelques spécialistes placent maintenant Orrorin comme étant à l'origine du genre Paranthropus puis du genre Homo, écartant les Australopithèques dans la recherche des ancêtres du genre Homo (néanmoins, la place d'Orrorin dans l'évolution des homininés est toujours en débat). Orrorin est aujourd'hui considéré comme étant un des premiers Homininés. Il promenait sa petite taille (1.20 m) dans des milieux plutôt arborés.
|
|
Ardipithecus ramidus |
|
La
communauté scientifique dispose de peu de fossiles de ce groupe :
quelques fragments de mâchoires trouvés en Afrique de l'Est (Éthiopie) en
1994. Datés à 4.5 millions d'années, Les Ardipithèques constituent un groupe vivant dans des milieux arborés et humides. De petite taille (environ 1.10 m), les fragments de mâchoire montrent des caractères de type homininé et paniné (groupe des chimpanzés). L'absence d'appareil locomoteur retrouvé ne permet pas de préciser une bipédie certaine, même si ce groupe est encore classé parmi les homininés(son maintien est en débat). Bien que plus récents qu'Orrorin, les restes d'Ardipithèques sont en effet plus ressemblant des grands singes comme les gorilles ou chimpanzés. Peut-être est-ce l'ancêtre commun à tous les grands singes africains ?
|
|
La découverte de ces fossiles repoussa encore plus l'apparition des premiers homininés bipèdes. Datés à 4.2 et 3.6 millions d'années, les représentants de ce groupe d'Australopithèques ont été trouvés uniquement en Afrique de l'Est (Kenya et Tanzanie) en 1994. D'une taille de 1.4 m pour un poids de 50 kg, ils vivaient dans des habitats arborés et humides. Le manque de restes fossilisés n'a pas permis de déterminer avec précision la capacité de la boite crânienne. La mâchoire montre un caractère primitif avec des incisives et molaires développées, ainsi qu'un fort prognathisme que l'on peut s'attendre à trouver chez le plus ancien des Australopithèques connus. Les restes ossifiés de l'appareil locomoteur sont par contre suffisants pour imaginer une bonne aptitude à la marche, ce qui fait de cet Australopithèque un des premiers homininés bipède connu.
|
||
|
|
|
|
|
Ce squelette est un des fossiles les plus célèbres et porte le nom de Lucy (ou AL 288). Il fût découvert par Yves Coppens, célèbre paléontologue français, en Afrique de l'est dans la région de l'Afar en 1974. Les datations indiquent une radiation des Australopithèques afarensis de 4.1 à 2.9 millions d'années. Ils vivaient dans un milieu plutôt arboré et humide. D'une taille modeste (1.10 m à 1.35 m) leur poids se situait aux alentours de 35 à 45 kg. Leur squelette indique une aptitude à grimper et à marcher (bipédie) mais une inaptitude à la course. La démarche n'était pas humaine : le genou n'était pas complètement en extension et le pied posé sur le bord latéral. Le volume cérébral était de 380 à 430 cm3, ce qui est légèrement supérieur au volume cérébral des chimpanzés actuels (entre 350 et 400 cm3). La taille de ces Australopithèques étant identique à celle des chimpanzés, on observe donc un développement relatif de l'encéphale par rapport à la taille corporelle.
|
||
|
|
|
|
|
La découverte d'une mâchoire d'Australopithèque en Afrique en 1995 n'est pas un grand évènement. Sauf quand cette mâchoire est découverte au Tchad et que l'on s'éloigne donc de l'Afrique de l'Est et du Sud où tous les Australopithèques étaient sensés vivre ! Encore une découverte qui fait tomber bien des certitudes. On sait maintenant que les Australopithèques ont connu une répartition biogéographique selon un arc qui entoure la grande forêt tropicale actuelle de l'Afrique. Le fossile trouvé valait bien la dénomination d'une nouvelle espèce à lui tout seul et fût baptisé Abel (en mémoire d'un membre de l'expédition). Abel est âgé : entre 3.5 et 3 millions d'années. Son habitat en Afrique centrale était arboré et humide à cette époque.
|
Australopithecus garhi
|
||
Cette espèce d'un âge d'environ 2.6 millions
d'années se retrouve fossilisée en Afrique de l'Est. D'une taille de 1.4 mètre pour un poids de 50 Kg et d'une capacité crânienne de 450 centimètres cube, cette espèce ressemblait beaucoup aux Australopithecus afarensis. Les représentants de cette espèce devaient vivre dans une savane arborée plutôt humide. |
||
Kenyanthropus platyops
|
|
"L'homme à face plate du Kenya" est âgé de 3.5 à 3 millions d'années et n'a été trouvé qu'en Afrique de l'Est en 1998. On ne connaît rien de son appareil locomoteur (taille précise inconnue mais estimée vers 1.4 m pour un poids de 50 kg) mais le crâne trouvé ressemble à celui des Australopithecus africanus. La taille du cerveau est évaluée entre 400 et 500 cm3. Par contre des différences concernant la face ont suffi à créer ce nouveau genre, en marge des Australopithèques. La face de ce fossile est peu prognathe et plate. Elle ressemble beaucoup à celle des Homo rudolfensis qui apparaissent pourtant 1.5 millions d'années après, ce qui fait de Kenyanthropus leur ancêtre probable. Les données paléontologiques des terrains fouillés indiquent que ce genre vivait dans des savanes arborées plus ou moins humides. |
|
|
|||
|
Ce fossile découvert en 1925 dans la région de Taung en Afrique du Sud, correspond à un représentant des Australopithèques africanus. Le crâne est attribué à celui d'un jeune enfant, confirmé par la présence de dents non définitives. Tous les fossiles trouvé viennent uniquement d'Afrique du Sud et sont âgés de 3.5 à 2.9 millions d'années. Il y a peu de différences avec les Australopithèques du type de Lucy en ce qui concerne le milieu de vie (habitat arboré et humide) ainsi que la taille (1.15 m à 1.30 m) et le poids(30 à 40 kg). La principale différence se situe dans l'évolution de la capacité de la boite crânienne qui passe à 450 cm3 jusqu' 530 cm3. Le front est incliné mais présente un faible bourrelet : il s'en dégage un aspect plus gracile mais des détails de la face annoncent les formes plus "robustes" à venir. L'appareil locomoteur montre une aptitude au grimper et une marche plus assurée que pour Lucy.
|
||
|
|
|
|
Australopithecus (Paranthropus) aethiopicus
|
|||
|
Les premiers Paranthropes ont été découverts en Afrique du Sud en 1938. Ils furent tout d'abord placés dans le genre des Australopithèques par les paléontologues. Les principales différences avec ces derniers sont leur âge (2.7 à 1 millions d'années) une bipédie plus humaine et des os plus robustes. La découverte de nombreux autres fossiles de ce type en Afrique de l'Est obligea la création d'un nouveau genre : on ne peut les considérer comme des Australopithèques car leurs os sont plus "humains" ni comme appartenant au genre Homo car leur crâne est trop proche de celui des Australopithèques. ces fossiles font donc partie d'un genre intermédiaire : les Paranthropes (les presque humains). La création de ce nouveau genre est toutefois sujette à débat. La notion de genre intermédiaire n'implique pas automatiquement une idée de filiation entre les Australopithèques, les Paranthropes et les humains !
|
||
|
|
|
|
Australopithecus (Paranthropus) boisei
|
||||
|
Cette espèce n'est connue qu'en Afrique de l'Est. Les fossiles trouvés nous donnent un âge compris entre 2.2 million et 1.2 million d'années. Les représentants de cette espèce sont actuellement classés dans le genre Paranthropus parce qu'ils diffèrent des Australopithèques sur de nombreux points :
Paranthropus boisei devait vivre dans un environnement arboré et à proximité de l'eau (rivières, lacs...)
|
|||
Australopithecus (Paranthropus) robustus
|
|||
|
Cette espèce n'est connue qu'en Afrique du Sud. Les fossiles trouvés nous donnent un âge compris entre 2.2 million et 1 million d'années. Les représentants de cette espèce sont actuellement classés dans le genre Paranthropus parce qu'ils diffèrent des Australopithèques par leurs os plus robustes (mais conservent une faible capacité crânienne comprise entre 450 et 500 cm3). Paranthropus robustus devait vivre dans un environnement arboré et à proximité de l'eau (rivières, lacs...)
|
||
|
|
|
|
Homo habilis
|
|||
|
Trouvés en Afrique de l'Est, ces fossiles marquent une étape évolutive importante. Âgés de 2.5 à 1.6 millions d'années, ils font partie des plus vieux représentants du genre humain ou Homo. Quels critères leur confère ce droit ? Tout d'abord leur crâne beaucoup moins prognathe que chez les Australopithèques et Paranthropes. Une capacité cérébrale plus développée : de 550 à 680 cm3. Ces deux caractères leur donne un aspect plus humain, avec une boîte crânienne plus grande que la mâchoire. Ils ne sont pas très élancés : ils conservent une aptitude à la suspension et ont une bipédie plus humaine (os du pied ressemblent à ceux d'Homo sapiens) mais gardent une petite taille (1.15 m à 1.30 m pour un poids oscillant entre 30 et 40 kg). Autre nouveauté avec cette espèce, la découverte d'outils en pierre taillée, d'où la dénomination "d'homme habile" en référence avec la dextérité nécessaire pour la confection d'objets. Ces outils sont encore simples et correspondent à des galets aménagés de type choppers ou hachoirs tranchants. Leur utilisation devait se limiter à découper des carcasses et à travailler le bois. de nouveaux régimes alimentaires peuvent alors se mettre en place (davantage omnivores), le genre Homo est moins opportuniste et commence à maîtriser son environnement : Homo habilis vivait dans des savanes arborée humides et s'affranchissait petit à petit du monde des arbres.
|
||
|
|
|
|
Homo rudolfensis
|
|||
|
Longtemps classés dans l'espèce Homo habilis, ces fossiles font partie de l'espèce Homo rudolfensis depuis 1986. Les deux espèces étant contemporaines (2.4 à 1.7 millions d'années pour H. rudolfensis), ces fossiles présentent un volume cérébral plus important (650 à 750 cm3), une bipédie plus humaine mais une face plus archaïque avec un front assez fuyant. Les Homo rudolfensis étaient aussi plus massifs que les H. habilis : une taille moyenne de 1.40 m pour un poids de 50 kg. Ils vivaient dans des savanes arborées et ouvertes et utilisaient les mêmes outils que H. habilis. On ne retrouve des représentants de cette espèce qu'en Afrique de l'Est alors qu'habilis se retrouve aussi en Afrique du Sud. La découverte d'Homo rudolfensis a une importance dans notre idée d'évolution au sein du genre humain : elle casse l'idée simpliste d'une évolution de l'Homo habilis vers l'Home erectus puis enfin vers l'Home sapiens.
|
||
|
|
|
|
Homo ergaster |
|
Ce
fossile, découvert en 1985, relativement complet est appelé "l'adolescent de Turkana". Il
est un représentant des premiers hominidés dont le squelette rappelle celui de
l'homme moderne. Âgé de1.9 à 1 millions d'années, les fossiles représentants cette espèce ont une radiation assez large : Afrique du Sud, Afrique de l'Est, Afrique du Nord, Moyen-Orient et Europe du Sud. Pour la première fois, on trouve des Hominidés hors du berceau africain à partir de 1.7 millions d'années ! Les habitats sont assez diversifiés : savanes arborées et ouvertes, plaines et montagnes moyennes. Il devait présenter un régime alimentaire varié, omnivore. L'étude des squelettes a permis de déterminer une taille comprise entre 1.55 m et 1.70 m, pour un poids compris entre 50 kg et 65 kg. Homo ergaster, c'est l'avènement des "hommes grands". La boite crânienne est plus développée que chez Homo habilis : de 800 à 950 cm3. Le front est fuyant avec un bourrelet développé. La mâchoire devient plus gracile avec une réduction de la taille des molaires. Le squelette locomoteur indique une démarche bipède humaine. Sa grande taille, son crâne développé, sa démarche humaine contrastent beaucoup avec les Paranthropes qu'il a pu côtoyer à la même époque. Il représente un saut évolutif considérable à mettre en relation avec des modifications profondes de l'écologie. certains auteurs le considèrent d'ailleurs comme le premier véritable humain. Homo ergaster se montre aussi plus doué dans la conception d'outils : on lui attribue la confection de bifaces, outils qui montrent une recherche d'efficacité dans les formes et l'invention de la symétrie.
|
|
Homo erectus
|
|||
|
La colonisation du vieux monde continue : on trouve des représentants de Homo erectus en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie centrale et Orientale. Les fossiles sont datés entre 1 et 0.3 million d'années. Beaucoup de fossiles connus sous les noms de "Pithécantrope de Java", "Sinanthrope de Pékin" font partie de cette espèce. D'une taille comprise entre 1.5 et 1.65 m pour un poids variant de 45 à 57 kg, ces représentants du genre humain se démarquent des formes précédentes par un volume du crâne grandissant : 900 à 1100 cm3. Ils sont les précurseurs de l'homme moderne. Homo erectus vivait dans des milieux tempérés, ouverts ou fermés, dans les savanes, steppes et forêts.
|
||
|
|
|
|
Homo heidelbergensis |
|
Âgés de 0.8 à 0.3 million d'années, ces
fossiles contemporains d'Homo erectus s'en démarque par une stature plus
forte (même taille mais un poids variant de 65 à 80 kg) et une localisation
en Europe et en Afrique du Nord. Il présentait aussi une capacité crânienne plus développée encore : de 1000 à 1300 cm3. La forme de son crâne, son squelette et sa répartition géographique en font un bon candidat en tant qu'ancêtre d'Homo neanderthalensis (et peut-être d'Homo sapiens ?).
|
Homo neanderthalensis |
|
L'homme de Néanderthal a vécu entre 120 000 et 30 000 ans avant notre ère
(on estime que les pré-néanderthaliens sont apparus il y a 450 000 ans). Il
colonise la région des Balkans et une partie du Moyen Orient avant de migrer en
Europe occidentale. Vers 40 000 ans, il cohabite, par endroits, avec Homo
sapiens avant de s'éteindre. D'une stature moyenne (1.55 à 1.65 m), il possède un corps robuste (70 à 90 kg) adapté au climat tempéré froid de cette époque (plusieurs glaciations successives). Sa boîte crânienne renferme un cerveau plus volumineux que le notre (15 %) d'une capacité de 1500 à 1750 cm3. Les arcades sont prononcées avec un front fuyant. La voûte crânienne est basse et allongée. Homo neanderthalensis est loin d'être la brute imbécile longtemps décrite. Il avait une culture développée, savait utiliser les ressources locales (gibier, végétaux, poissons), construire des huttes, enterrer ses morts, maîtriser le feu et tailler les pierres par éclats successifs. Il semble que des échanges commerciaux aient pu exister entre lui et Homo sapiens. On soupçonne aussi ces derniers d'être à l'origine de la disparition des néandertaliens, directement (guerres, exterminations...) ou indirectement (colonisation des endroits favorables).
|
|
Homo sapiens |
|
Homo
sapiens est représenté par deux sous espèces : Homo sapiens ancien (l'Homme
de Cro-Magnon) et Homo sapiens sapiens (Homme actuel) ayant vécus respectivement
de 90 000 ans à 12 000 ans puis de 12 000 ans à l'actuel. Le plus vieux fossile de notre espèce a été trouvé en Afrique du sud et présente le bel âge de 90 000 ans. Le berceau de notre espèce serait donc l'Afrique et ses représentants auraient par la suite colonisé toute la planète (sauf les déserts chauds et glacés). Homo sapiens ancien est un homme plus robuste que l'homme actuel : une taille de 1.7 m pour 70 kg et une capacité crânienne elle aussi plus grande (1650 cm3 contre 1350 cm3 actuellement). Malgré des proportions plus imposantes, les caractéristiques du squelette sont identiques avec les nôtres. L'avènement d'Homo sapiens correspond au Paléolithique supérieur des historiens. Cette période est dominée par l'innovation et les changements culturels : les usages du feu se multiplient, que se soit pour cuire les aliments ou pour fabriquer l'ocre rouge, base des peintures rupestres. Les techniques de taille s'améliorent et s'étendent à l'os et aux bois d'animaux, l'artisanat prend son essor. L'art s'épanouit dans les sculptures, les gravures, les peintures et les premières représentations humaines (avec une prédilection pour les Vénus plantureuses). Vers 5000 ans av. J.-C. un nouveau pas est franchi : l'homme actuel se sédentarise. C'est le Néolithique marqué, non pas par l'évolution de l'espèce elle même, mais par celle de ses capacités à maîtriser l'environnement : ce sont les débuts de l'élevage et de l'agriculture. La taille de la pierre atteint une grande perfection, l'homme commence à travailler les métaux. Bientôt naîtront les premières grandes civilisations et l'apparition de l'écriture, marquant le début de "l'histoire".
|
|